Je m’appelle Céline j’ai 44 ans, je suis mariée et suis maman de 2 enfants. Il y a 7 ans, j’ai vécu un tremblement de terre, un tsunami,un effondrement. Voici mon histoire.
En 2004, je rencontre mon futur mari, on se marie en 2007 et notre projet de couple était de fonder une famille. Ce n’a pas été facile, 5 ans pour concevoir, en 2011 je suis tombée enceinte, nous étions heureux mais un premier malheur est arrivé à 3 mois de grossesse j’ai fait une fausse couche.
En 2012 je tombe à nouveau enceinte, avec toutes les précaution et un encadrement médical à la hauteur, j’ai vécut une grossesse heureuse. Avec mon mari nous avons opté pour une préparation à la naissance avec la technique de l’haptonomie: ce fut des moments fantastiques, mon mari et le bébé communiquaient.
A 6 mois de grossesse on me diagnostique une hydramiose. Après 3 ponctions de liquide amniotique et de tests génétiques, on nous annonce que notre bébé a peut être une maladie génétique « le syndrome de Barther ». Tout se met en place, un suivi particulier et rencontre de spécialistes. Une césarienne est programmé et l’accueil du bébé se fera en soins intensifs. Avant l’accouchement je suis allée avec mon mari inscrire Lilya à la crèche près de chez nous mais avec ce qui nous attendait on n’a jamais pu dire pour qu’elle date, nous étions dans le flou le plus complet: mais on s’est fait connaître.
Lilya est née le 4 octobre 2012, un beau bébé de 56 cm et 5kg: un bébé taille 6 mois. Aux soins intensifs au milieu de prématuré elle dénotait.
Après 1 mois et demi d’hôpital et d’examens en tout genre nous avons enfin l’autorisation de ramener notre petite fille à la maison avec la HAD.
Encore 2 mois où mon rôle n’était pas seulement d’être une maman mais aussi soignante, une sonde gastrique était à poser toutes les nuits pour son « gavage » quotidien (les infirmiers de la HAD n’était pas à l’aise avec les nourrissons et finissaient leur travail à 17h). En effet, à l’hôpital avec toutes leurs précautions Lilya n’a jamais su téter, régurgitait, et ne connaissait pas la sensation de faim.. Une puéricultrice m’a dit un jour « désolée dans votre cas c’est l’hôpital qui a rendu malade votre bébé ». Fin janvier je me rend à l’hôpital une dernière fois pour des analyses, la néphrologue qui nous a reçut avec tous ces résultats pour faire un bilan, s’est excusée « votre enfant n’a jamais été malade elle est en parfaite santé ». Je fut soulagée et heureuse mais j’avais de la colère contre l’hôpital qui nous avait en quelque sorte volé 3 mois de sa vie.
En février, il était temps de reprendre le travail, mais pas de place à la crèche, donc recherche d’une gardienne agréée. Un choix réfléchit, elle paraissait soigné et avait un petit garçon de 18 mois, nous voulions l’aider dans son démarrage, elle venait d’obtenir son agrément, nous étions prêt à la recommander le cas échéant. Un contrat de 2 jours par semaine a été signé avec elle.
Après Pâques 2013, Lilya avait 6 mois et a été confié pour la première fois à Madame X.
Le mardi 9 avril 2013 (troisième jour de garde): la journée cauchemar.
J’ai confié ma fille à la gardienne le matin. Au travail, j’ai eu quelques sms « elle pleure », « elle n’arrive pas s’endormir », je propose de venir la chercher « non je vais essayé de la calmer », puis « tout va bien elle dort comme un petit ange » une heure plus tard « la petite a vomit, est ce que vous l’autorisé à lui donner le bain ? » ; puis plus rien jusqu’à 13h. Là un coup de fils, « Lilya n’est pas bien il faut venir la chercher ». J’arrive 10 minutes plus tard et là je vois mon bébé au fond du parc vêtue de son bodies et d’un leggings étendu les yeux révulsés. Je l’a prend dans mes bras, une poupée de chiffon, elle respire et se met immédiatement en position fœtal et se crispe. Je me rappelle avoir eu la sensation de réintégré ma petite Lilya au fond de mon ventre car je le savais au fond de moi que c’était fini. J’étais en état de choc. Je voulais la protéger. Madame X me demande « faut-il appeler les secours ». Elle ne l’avait pas fait, mais c’est pas possible. Le 15 a minimisé l’urgence, 45 minutes avant que les secours arrivent, et sur place ils étaient démunie car n’étaient pas équipé pour les bébés. Direction l’hôpital de Mulhouse, dans mes bras c’est loi qui était assise sur le brancard l’ambulancier avec le masque à oxygène pour adulte sur sa petite frimousse. A l’hôpital débute des examens un scanner et l’annonce de son transfère immédiat par hélicoptère à Strasbourg. Sur place, le chef de service de la réa nous a dit que Lilya avait subit un choc d’une extrême violence, il n’avait de toute sa carrière jamais vu autant de dégâts dans un cerveau. A 23h, l’annonce « on ne peut plus rien faire, son cerveau meurt à petit feu », là on nous demande pour les dons d’organes, avec mon mari nous avons dit oui tout de suite (quand j’étais enceinte un spécialiste nous avait dit que Lilya dans le pire des cas aurait eu besoin d’une greffe de rein). Quand mon bébé est décédée le 11 avril 2013, une partie de moi est partie avec elle, une partie de moi est mort avec elle.
C’est à ce moment là aussi que l’on cogite que l’on se refait le film de cette journée et en fait de ces journées chez elle, des signes auraient du nous alerter: le deuxième jour de garde j’ai récupéré Lilya fébrile et avait vomit 3 fois ( c’était un bébé qui régurgitait beaucoup et faisait ses dents) et à 6 mois elle avait déjà conscience que je l’a laissait chez une inconnue.
Et la gardienne avait envoyé plusieurs message pour prendre de ces nouvelles, a t elle été secouée une première fois? Avec mon mari on a refait ce weekend, Lilya ne s’était retourné sur son tapis d’éveil que le dimanche soit 3 jours après.
Depuis 7 ans je me sens coupable d’avoir fait confiance à Madame X et surtout de l’avoir laissé chez elle, chez son bourreau. Je suis en colère car elle est dans le dénie et vie sa vie comme si de rien n’était « un monde de Bisounours dixit les psy », en colère car la justice a été trop lente « 4 juges d’instruction » et seulement après 5 années, elle a été 1 mois en prison et est ressorti libre avec un contrôle judiciaire.
Aujourd’hui, quand je pense à mon bébé, je pense affaire judiciaire, regarder les vidéos de mon bébé m’est impossible, et le deuil, comment le faire quand tout n’est pas fini… Nous nous avons pris perpétuité, il me faudra vivre avec ce manque cette peine chaque jour jusqu’à la fin de ma vie.
Et toutes ces premières fois non réalisées: on en est privé. Son premier mot, ses premier pas, première vacances en Bretagne, son entrée à la crèche, à l’école, au collège au lycée, son premier amour … aucun anniversaire aura été célébré en son vivant …
Durant ces années, avec mon mari, nous avons eu la chance d’ avoir une autre petite fille Noéleen née 1 an après la mort de Lilya. Je me suis fait aidé par des professionnels avec qui j’ai appris que j’étais une victime. Noéleen a bientôt 6 ans et a grandit avec cette histoire, elle l’a connait, et pleure sa sœur qui lui manque, celle qui ne sera jamais là pour partager ses jeux et ses secrets.
Jamais je n’aurai pensé que ce soit possible la maltraitance sur des nourrissons. Aujourd’hui, je me dis que cela doit cesser, trop de vies ont été gâchées.