Je m’appelle Julie, j’ai 39 ans, je suis maman de 3 enfants et Assistante maternelle depuis 2007, et « Maman-nounou » sur Facebook.
Aux temps de nos parents et de nos grands-parents, à les écouter, on dirait qu’ils laissaient pleurer les bébés bien plus que nous, parents d’aujourd’hui. Certains voulaient ainsi les rendre « autonomes » ou disaient leur «faire leurs poumons». Selon moi, c’est ridicule et horrible. Pour l’autonomie, il faudra attendre encore quelques années et pour les poumons, ils sont finis quand les bébés naissent. Les études récentes ont même prouvé qu’il est néfaste de laisser pleurer un bébé. Il risque de perdre confiance en l’adulte qui ne répond pas à ses appels et c’est même mauvais pour son cerveau.
Alors quoi faire ? Ne jamais laisser pleurer et un jour risquer de « péter un plomb » ? Non, justement, il faut savoir doser le laisser pleurer. Personnellement, je suis contre le laisser pleurer pour « apprendre » à l’enfant à se calmer tout seul. Je trouve ça très cruel. En revanche, quand vous bercez, câlinez, portez, parlez, marchez, chantez et que l’enfant ne se calme pas, alors qu’il a mangé et que sa couche est propre, parfois, il nous reste la solution salvatrice de la balade en poussette. Mais quand malheureusement ce n’est pas possible de sortir, et puis bon, on ne peut pas non plus sortir toute la journée… Alors quand on n’en peut plus de tout faire pour calmer bébé et que ça ne marche pas, alors oui, il vaut mieux laisser le bébé pleurer dans son lit ou dans son transat, le temps de nous, nous calmer. On n’est pas des sur-hommes, on n’est pas des sur-femmes. On ne traumatisera pas l’enfant si on le laisse pleurer le temps de souffler. Même si je suis contre le laisser pleurer, même si j’ai toujours tenté de calmer les bébés, oui il m’est arrivé de laisser pleurer pour souffler, pour m’occuper des autres enfants, parce que j’avais trop mal aux oreilles, parce que mon dos, mes épaules et mon cou étaient trop contractés d’avoir tant porté et tant bercé. Ça ne fait pas de moi un monstre, ça fait de moi un être humain. En revanche, je n’ai jamais secoué de bébé, je n’ai jamais « pété un plomb », j’ai toujours posé le bébé le temps de me ressourcer quand ce n’était plus possible, entre mon physique épuisé et endolori et les autres enfants à s’occuper (car oui, il ne faut pas oublier que majoritairement les parents à la maison sont 2 adultes pour un enfant quand nous nous sommes seuls pour 3, 4, 5 enfants, voire plus, avec les trajets école, et tout le reste).
Et je crois qu’il faut aussi ajouter que parfois, un bébé n’a pas besoin qu’on le console en faisant tout pour le calmer. Parfois, il a simplement besoin qu’on le prenne dans nos bras et qu’on lui fasse un gros câlin en lui disant qu’on est là pour lui, qu’il pleut pleurer et qu’il se sentira mieux après. Un peu comme nous, quand la soupape déborde, quand on apprend le décès de quelqu’un, quand quelque chose ne va pas, on n’a pas envie qu’on nous fasse taire, on a envie qu’on nous prenne dans les bras et qu’on nous écoute sortir notre détresse.
Alors en conclusion : personnellement je ne dirai jamais que c’est bien de laisser pleurer. En revanche, je conseillerai aux personnes qui n’en peuvent plus de laisser pleurer le temps de se ressourcer, ça vaut bien mieux que de faire une bêtise qui peut rendre handicapé ou tuer un bébé… Et pour les assistantes maternelles, quand on sent qu’avec cet enfant ça n’ira pas, qu’on a tout essayé et qu’on se sent horriblement mal, oui il faut parfois oser démissionner, pour le bien de tous, non ce n’est pas une honte que de reconnaître qu’on a atteint ses limites. Par contre, oui c’est une honte de faire du mal à un bébé…