Axel, victime du SBS, a 5 ans aujourd’hui

14 Mai, 2020 | Témoignages

Je m’appelle Axel.
Aujourd’hui c’est mon anniversaire. J’ai 5 ans !
Aujourd’hui, mes parents devraient m’offrir un vélo, des rollers, des toupies, des playmobils, peut-être même une console de jeux, mais non, je n’aurais rien de tout ça…
Aujourd’hui j’aurais dû inviter mes petits camarades de classes, j’aurais dû souffler mes bougies, j’aurais dû ouvrir seul mes cadeaux, sauter de joies, courir de bonheur… mais non, je ne ferai rien de tout ça…
Aujourd’hui j’aurai dû apporter un gâteau à l’école, en moyenne section, j’aurais dû fêter mon anniversaire avec mes copains de foot, de judo ou de tennis, mais non, je ne le ferai pas non plus….
 
Parce que je suis polyhandicapé des suites du Syndrome du Bébé Secoué.
 
Aujourd’hui, je ne sais pas marcher.
Je ne sais pas parler.
Je suis incontinent.
Je suis malvoyant.
Je suis épileptique.
Mes capacités intellectuelles et motrices sont équivalentes à celles d’un enfant d’un an environ.
 
Et le pire, c’est que j’en suis conscient. Je connais un immense sentiment de frustrations, car je suis prisonnier de mon corps. Cela me rend profondément mélancolique et me met en colère.
Cette dure existence m’a été imposée. J’étais en bonne santé avant le 7 octobre 2015. Je n’avais que 4 mois et demi.
Quelques jours auparavant, la pédiatre disait de moi : qu’il est beau et éveillé, comme certains bébés que l’on peut voir dans les publicités…
Mais ce mercredi 7 octobre à changer pour toujours le cours de ma vie. L’assistante maternelle agrée qui était censée s’occuper de moi quand mes parents travaillaient, m’a secoué, me laissant dans un état de coma profond, en état de mal épileptique…. sans faire appel aux secours. Elle m’a laissé agoniser pendant plusieurs heures, jusqu’au retour au domicile de son époux.
Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle a prévenu ma maman. C’est ma maman qui lui a ordonné d’appeler le SAMU.
Mais mon cerveau avait déjà beaucoup souffert causant des dégâts profonds et irréversibles.
J’ai été hospitalisé pendant de nombreuses semaines. Les médecins ont dû me sédater, m’intuber et me brancher à un respirateur artificiel. Ils ont dû m’ouvrir le crâne pour m’installer une dérivation sous-duro-péritonéale, qui est toujours là d’ailleurs. Ils ont dû m’administrer des dizaines d’antiépileptiques. Ils m’ont fait subir de très nombreux examens médicaux, plus que n’importe quel adulte en bonne santé.
Un jour, ils étaient même convaincus que je n’allais pas survivre. Ils avaient demandé à mes parents de réfléchir à un don d’organes.
Mais je me suis réveillé, dans un autre corps, celui d’un enfant lourdement handicapé, aveugle, hypotonique, irritable, très fragile et dépendant à vie.
 
Mais pourquoi ?
 
Je n’en sais rien… Il est vrai que cette nourrice était très stressée à l’idée d’accueillir des nouveau-nés. Elle manifestait par ailleurs un sentiment de lassitude et de fatigue à l’égard de sa profession depuis quelques mois. Ma maman l’avait bien perçu mais elle ne pensait pas qu’elle serait capable de me faire subir autant de cruauté. Elle n’imaginait pas que cette femme puisse commettre un acte si violent au point de déchirer les veines de mon cerveau et de causer des lésions intra-vitréennes, les pires lésions ophtalmologiques qui puissent exister. Elle n’imaginait pas que cette femme briserait nos rêves, pulvériserait nos vies et anéantirait nos avenirs en une fraction de seconde….
 
Aujourd’hui j’ai 5 ans et ma vie est une prison, pour moi et mes parents.
L’année dernière, le jour de mes 4 ans, mes parents ont dû se retrouver face à mon bourreau, devant la cour d’assises du Haut-Rhin. Lors de ce procès, cette personne est restée de marbre. Elle n’a pas versé une seule larme, n’a pas montrer de regret, ni de compassion… Un comportement qui n’a fait qu’accentuer nos sentiments de haine à son égard.
Elle a été déclarée coupable et condamnée à 5 années de prison, dont 2 années de sursis. Elle est également frappée d’une interdiction d’exercer à vie, alors qu’elle a presque l’âge de prendre sa retraite.
Quelle injustice !!!
Car, moi Axel, aujourd’hui j’ai 5 ans et ma vie est une prison, une prison à perpétuité…
 
Alors je n’ai qu’un message : Ne secouez jamais un bébé ! Secouer tue ou handicape à vie !